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Comment transformer vos relations grâce à la CNV (Communication Non Violente) de Marshall Rosenberg ?

Dernière mise à jour : 11 juil.

Dans nos échanges quotidiens – en famille, au travail, avec nos proches ou même avec nous-mêmes – combien de fois nous sentons-nous incompris, frustrés, blessés… ou sur la défensive ? La plupart de nos conflits, petits ou grands, ne naissent pas d’un manque d’intelligence ou de bonne volonté, mais d’un manque de connexion véritable à ce que nous vivons et à ce que vit l’autre.

C’est précisément pour répondre à ce défi que Marshall B. Rosenberg, psychologue américain, a développé la Communication NonViolente (CNV), un processus simple mais profondément transformateur. Dans son ouvrage phare Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), il propose une nouvelle manière de s’exprimer et d’écouter, fondée sur l’empathie, la clarté et la bienveillance.

Dans cet article, nous explorerons les principes fondamentaux de la CNV, ses 4 étapes clés, et la manière dont elle peut transformer nos relations, non par des recettes toutes faites, mais par une nouvelle façon d’être en lien. Une démarche à la fois puissante et accessible, pour renouer avec notre élan du cœur.


1. Qu’est-ce que la Communication Non Violente ?

La Communication NonViolente (CNV), élaborée par Marshall B. Rosenberg, est bien plus qu’une méthode : c’est une approche de la relation fondée sur la conscience, la responsabilité et l’authenticité. Elle s’appuie sur un principe central: lorsque nous sommes profondément à l’écoute de nous-mêmes, nous pouvons agir depuis ce que Rosenberg appelle “l’élan du cœur”.

Il s'agit d'un mouvement intérieur qui naît quand nous sommes pleinement connectés à ce que nous vivons. Cet élan n’est ni une obligation morale, ni un réflexe altruiste. Il nous indique, dans chaque situation, ce qui est juste pour nous : parfois dire oui, parfois poser un non clair, toujours avec intégrité. Il ne s’agit donc pas de se sacrifier, mais de rester fidèle à soi tout en restant en lien.

La CNV puise ses racines dans la psychologie humaniste de Carl Rogers et dans la pensée de Gandhi, artisan de la non-violence active. Elle invite à sortir des schémas habituels — accusation, repli, soumission ou domination — pour retrouver une posture plus consciente, libre et responsable.

Contrairement à ce que son nom pourrait faire croire, la CNV ne consiste pas à “être gentil” ou à éviter les conflits. Comme l’écrit Thomas d’Ansembourg dans Cessez d’être gentil, soyez vrai, il s’agit au contraire d’oser être vrai, avec respect.

Le processus s’appuie sur quatre étapes concrètes :

  1. Observer sans juger,

  2. Nommer ses sentiments,

  3. Identifier les besoins en jeu,

  4. Formuler une demande claire.

Pratiquée dans plus de 60 pays, la CNV est un outil puissant pour transformer la qualité de nos relations — en commençant par celle que nous entretenons avec nous-mêmes.


2. Pourquoi avons-nous perdu cette capacité naturelle à la bienveillance ?

Nous naissons avec une capacité spontanée à ressentir, à nous exprimer et à nous relier de manière sincère. Mais très tôt, cette intelligence émotionnelle naturelle est étouffée par des habitudes culturelles, éducatives et sociales qui valorisent l’obéissance, la performance, le jugement et le contrôle.

Dans Les mots sont des fenêtres..., Marshall Rosenberg décrit comment notre langage courant s’est chargé de violence déguisée : accusations, comparaisons, généralisations, devoirs, “il faut”, “tu dois”… Un langage qui coupe la connexion à nos ressentis et à nos besoins. Nous avons appris à dire ce que l’autre fait de “mal” plutôt que ce que nous vivons. Et à croire que la colère ou la tristesse sont des faiblesses à cacher plutôt que des signaux à écouter.

Dans Cessez d’être gentil, soyez vrai, Thomas d’Ansembourg montre combien nous avons été conditionnés à faire plaisir, éviter les conflits, rentrer dans le moule. Depuis l’enfance, beaucoup ont appris à s’adapter, à être “gentils”, à faire ce qu’on attend d’eux… au détriment de leur vérité intérieure. Résultat : nous nous coupons de nos émotions, nous perdons la capacité à dire ce que nous vivons vraiment, et nous projetons sur les autres la responsabilité de notre mal-être.

Cette coupure nous éloigne de la bienveillance véritable, car on ne peut pas accueillir l’autre quand on ne s’accueille pas soi-même. Ce n’est pas la méchanceté qui abîme nos relations, mais l’inconscience, l’automatisme, l’oubli de soi. Retrouver une communication vivante, c’est donc réapprendre à écouter ce qui se passe en nous, sans filtre ni masque — un chemin vers plus de vérité, et donc plus de lien.


3. Les 4 étapes du processus de la Communication Non Violente CNV

Le processus de Communication Non Violente repose sur quatre étapes simples en apparence, mais profondément transformatrices. Elles permettent de passer d’une communication réactive et jugeante à une expression claire et une écoute connectée. Chaque étape nous aide à revenir à ce que nous vivons vraiment, et à créer un espace de rencontre avec l’autre.


1. Observer sans juger

La première étape consiste à décrire une situation de manière factuelle, sans l’enrober de critiques, d’interprétations ou de généralisations. Dire “tu es toujours en retard” ou “tu ne respectes jamais mon temps” est une évaluation. Dire “tu es arrivé 20 minutes après l’heure convenue” est une observation.

Marshall Rosenberg insiste: les jugements sont l’expression tragique de besoins non satisfaits. Plus nous les utilisons, plus nous provoquons de résistance. L’observation, au contraire, ouvre un espace de dialogue car elle ne déclenche ni défense ni culpabilité.


2. Exprimer ses sentiments

Une fois les faits posés, la CNV nous invite à nommer ce que nous ressentons. Pas ce que nous pensons, devinons ou accusons, mais ce que nous vivons : “je suis déçu”, “je me sens tendu”, “je suis touché”, etc.

La plupart d’entre nous avons appris à masquer nos émotions ou à les rationaliser. Comme l’écrit Thomas d’Ansembourg, beaucoup ont intégré que “ce n’est pas bien d’être triste”, ou “qu’un adulte ne se met pas en colère”. Pourtant, nos émotions sont des signaux essentiels qui nous informent sur ce qui se passe en nous. Leur donner un nom, c’est déjà commencer à les traverser.


3. Identifier ses besoins

Derrière chaque sentiment, il y a un besoin : un moteur fondamental de notre humanité. La colère, par exemple, peut indiquer un besoin de respect ou de clarté. La peur, un besoin de sécurité. La tristesse, un besoin de lien ou de reconnaissance.

Exprimer nos besoins, ce n’est pas exiger que l’autre y réponde. C’est assumer ce qui est vivant en nous, et le partager avec clarté. Ce que Rosenberg appelle “l’élan du cœur”, c’est ce moment où l’on se reconnecte à notre vérité intérieure, à ce qui compte pour nous au-delà des masques et des stratégies.

Nommer un besoin, ce n’est pas être faible ou égoïste. C’est se reconnaître humain. Et plus nous reconnaissons nos besoins, plus nous sommes capables d’entendre ceux des autres.


4. Formuler une demande

Enfin, la quatrième étape consiste à faire une demande concrète, réalisable, et ouverte. Il ne s’agit ni d’exiger, ni de manipuler, mais d’inviter l’autre à contribuer librement, s’il en a l’élan.

Une demande CNV précise ce que nous aimerions, ici et maintenant, et non ce que l’autre “devrait” faire pour nous satisfaire. Par exemple: “Serais-tu d’accord pour parler de ce sujet ce soir après dîner ?” plutôt que “Tu pourrais au moins t’intéresser à moi parfois !”.

Ce qui distingue une demande d’une exigence, c’est la place laissée au non. Si l’autre dit non, cela ne veut pas dire qu’il rejette notre besoin. Cela veut souvent dire qu’il a, lui aussi, un besoin à exprimer. C’est là que commence la vraie rencontre.


Ces quatre étapes — observer, ressentir, identifier, demander — sont autant de portes d’accès à une relation plus vivante, plus responsable, plus libre. Elles ne garantissent pas que l’autre changera, mais elles transforment radicalement la manière dont nous habitons le lien, et c’est déjà immense.


4. Écouter avec empathie: recevoir les messages difficiles autrement

La Communication Non Violente ne se limite pas à s’exprimer avec clarté. Elle nous invite aussi à écouter avec présence, en particulier lorsque l’autre exprime sa colère, sa douleur ou son reproche. Dans ces moments-là, l’écoute empathique devient un véritable acte de transformation.

Écouter avec empathie, ce n’est ni approuver, ni conseiller, ni corriger. C’est se relier à ce qui se vit en l’autre : ses émotions et ses besoins profonds, même si ses mots sont durs ou maladroits. Marshall Rosenberg rappelait que derrière chaque accusation se cache une souffrance qui cherche à être entendue. L’enjeu est donc de ne pas prendre les mots contre soi, mais d’écouter ce qu’il y a derrière les mots.

L’un de ses exemples les plus marquants se déroule dans un camp de réfugiés palestiniens à Deheisha, où un jeune homme l’interpelle violemment en criant: “Assassin !” Plutôt que de se justifier ou de répondre à l’agression, Rosenberg lui demande: “Souhaites-tu qu’Israël reconnaisse la souffrance de ton peuple depuis plusieurs générations ?” Le visage du jeune homme se transforme. Il acquiesce. La violence se dissout. Une écoute sincère a permis de révéler le besoin de reconnaissance derrière la rage.

L’écoute empathique demande une qualité de présence rare: être là sans vouloir résoudre ni contrôler, accueillir le silence, reformuler sans interpréter, parfois juste… se taire. Elle implique aussi de renoncer à nos propres jugements pour nous connecter à ce qui est vivant en l’autre.

Cela ne veut pas dire s’oublier. L’empathie commence par soi-même. Si nous sommes trop affectés, nous pouvons nous écouter d’abord, respirer, revenir à notre propre centre. C’est seulement depuis cet espace que nous pouvons vraiment offrir notre présence à l’autre.

En choisissant l’empathie, nous ne cautionnons pas ce que l’autre dit. Nous faisons bien plus: nous offrons un espace dans lequel son humanité peut s’exprimer, et où la relation peut se réparer.


5. Appliquer la CNV dans la vie quotidienne

La CNV n’est pas une théorie abstraite ou réservée aux “grands conflits”. Elle prend tout son sens dans les micro-situations du quotidien : un malentendu avec un proche, une remarque blessante, une tension au travail, un moment d’agacement avec un enfant… Partout où il y a de la relation, il y a un espace pour pratiquer la CNV.

Dans le couple, par exemple, elle permet de sortir des reproches implicites et de dire clairement ce que l’on ressent et ce que l’on aimerait vivre. Dire à son ou sa partenaire: “Quand je vois que tu consultes ton téléphone pendant notre dîner, je me sens triste parce que j’ai besoin de connexion. Serais-tu d’accord pour qu’on ait un moment sans écran le soir ?” a beaucoup plus de chances d’ouvrir le dialogue qu’un “T’es toujours sur ton téléphone, t’en as rien à faire de moi !”

Avec les enfants, la CNV permet de poser un cadre clair sans recourir à la punition ou à l’autorité brute. Un parent peut dire: “Quand tu laisses tes affaires traîner, je me sens dépassé parce que j’ai besoin d’ordre. Peux-tu ranger avant qu’on passe à table ?” L’enfant apprend ainsi à entendre les besoins de l’adulte sans se sentir humilié.

En entreprise, elle transforme le climat de travail. Remplacer un feedback flou ou agressif par une formulation CNV rend la communication plus constructive. Par exemple: “Quand tu rends ton rapport en retard, je me sens stressé car j’ai besoin de fiabilité pour respecter les délais de l’équipe. Est-ce que tu peux m’indiquer ce dont tu aurais besoin pour être à l’heure la prochaine fois ?”

La CNV s’applique aussi dans les situations tendues ou violentes. Dans Les mots sont des fenêtres…, Rosenberg raconte comment un professeur a désamorcé une situation explosive avec un élève agressif, simplement en l’écoutant avec empathie et en reconnaissant ses besoins non satisfaits. Le conflit s’est apaisé, non parce qu’il a été évité, mais parce qu’il a été accueilli autrement.

Il est important de souligner que pratiquer la CNV ne garantit pas une réponse immédiate, ni que l’autre changera d’attitude. Mais ce que cela change à coup sûr, c’est la qualité de notre présence et la manière dont nous habitons la relation.

Et cela, c’est déjà un changement profond.


6. Les bénéfices concrets d’une pratique régulière

Pratiquer la Communication Non Violente au quotidien n’est pas toujours confortable, ni immédiat. Cela demande un réapprentissage: observer, ressentir, identifier, formuler… plutôt que juger, réagir, accuser ou fuir. Mais avec le temps, ces effets se font sentir en profondeur — dans la qualité de nos relations, mais aussi dans notre propre équilibre intérieur.

L’un des premiers bénéfices est une réduction notable des conflits. Non parce que les tensions disparaissent, mais parce qu’elles sont abordées autrement. On passe d’un rapport de force à une recherche de compréhension. Les échanges deviennent plus fluides, moins défensifs. La confiance peut se (re)construire.

La CNV renforce aussi la connaissance de soi. En prenant l’habitude d’écouter nos ressentis et de nommer nos besoins, nous développons une forme de clarté intérieure. Nous comprenons mieux nos réactions, nos élans, nos limites. Ce travail d’alignement rend nos choix plus justes, nos “oui” plus entiers, et nos “non” plus paisibles.

Sur le plan émotionnel, la CNV permet de mieux réguler ce que nous vivons. Elle n’évite pas la colère ou la tristesse, mais elle les rend habitables. En les reliant à nos besoins, nous les transformons en messages utiles, au lieu de les subir ou de les projeter sur l’autre.

Enfin, la CNV cultive une posture relationnelle plus ouverte, plus responsable, plus respectueuse. Elle nourrit des liens plus vrais, sans masque, où chacun peut exister sans dominer ni se soumettre.

Il ne s’agit pas de devenir parfait. Il s’agit de devenir plus vivant, plus conscient. Et ça change tout.


Conclusion: Retrouver la force du lien, en soi et avec l’autre

La Communication Non Violente nous propose une autre manière d’être en lien: ancrée dans l’écoute, la responsabilité et la sincérité. En apprenant à reconnaître ce que nous ressentons et de quoi nous avons besoin, nous clarifions notre espace intérieur. En osant l’exprimer avec justesse, nous créons les conditions d’un lien plus vrai.

Pratiquer la CNV, c’est réapprendre à parler depuis soi, et à écouter sans se perdre. C’est choisir la clarté plutôt que le reproche, la présence plutôt que le repli. Pas pour éviter les tensions, mais pour les traverser en restant humain.

Ce chemin demande de la pratique, du courage parfois. Mais il offre en retour une qualité de relation profondément nourrissante — avec les autres, et avec soi.

Marshall Rosenberg écrivait:

« J’ai foi dans le fait que ce que nous avons de plus précieux à offrir aux autres, c’est notre présence. »

Et si offrir notre présence — authentique, vivante, ouverte — devenait le cœur de notre manière d’être au monde ?



trois femmes sont en train de discuter, elles pratiquent la CNV, la communication non violente, Cécile Bocquin, alchimiste de l'âme, énergéticienne et formatrice

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